Le Palais du Parlement est l'un des édifices les plus prestigieux du patrimoine architectural breton. Son statut est très particulier, par rapport aux six autres instances similaires en France, puisqu'il est le garant des franchises et libertés bretonnes à la suite de l'Acte d'Union de 1532. (rattachement de la Bretagne à la France).
Sa construction a duré plus d'un demi-siècle, tant par l'architecture que par la décoration intérieure il est devenu l'un des plus beaux monuments de France.
Après avoir partagé ses sessions entre Nantes et Rennes, le Parlement de Bretagne, créé en 1554 se fixe définitivement à Rennes en 1561.
Le 15 septembre 1618, la première pierre est posée. Le chantier démarre sous les ordres de Salomon de Brosse, architecte royal.
Pendant près de dix ans les travaux se poursuivent sans interruption.
Les travaux de l'étage de l'aile nord, dont la couverture, sont interrompus brusquement en 1627 par une épidémie de peste.
En 1640, le chantier reprend enfin vie sous la direction de Tugal Caris, maître d'oeuvre lavallois. Il engage les travaux de la façade sud jusqu'en 1646, date à laquelle lui succède Pierre Corbineau.
En 1654, les travaux connaissent une nouvelle embellie, le gros oeuvre, la majeure partie de la charpente, la toiture, les planchers, parquets et portes sont achevés.
A partir de 1655, il est fait appel aux plus grands décorateurs pour réaliser les lambris, décorations et ornements (seule la salle des pas perdus est achevée en 1654) : Charles Errard, Noël Coypel, Jean-Baptiste Jouvenet...
En 1720, après le grand incendie, Jacques-Jules Gabriel, Architecte du Roi, est appelé pour reconstruire le coeur de la ville. Il en profite pour donner au Parlement une place royale digne de son architecture, et fait placer au centre, une statue équestre de Louis XIV. Dans le même temps, il banalise la façade du palais en supprimant l'escalier à double volée qui menait aux étages " nobles " de l'édifice. Cette statue sera déboulonnée pendant la Révolution et fondue aux forges de Paimpont (Ille et Vilaine).
La Révolution n'a pas épargné le bâtiment qui a souffert. Un grand projet de rénovation est entrepris sous Louis-Philippe. On souhaite alors adapter le palais aux fonctions juridiques : création d'une porte au nord pour l'accès du fourgon des détenus, arcades ouvertes pour un meilleur éclairage, pose de grilles sur la place, amélioration du confort...
Sous le second Empire, on restaure plutôt la décoration intérieure.
Sous la troisième République, l'architecte Jean-Marie Laloy veut rendre au palais son aspect d'origine. Il contribue à faire classer l'ensemble de l'édifice parmi les "Monuments Historiques" le 18 janvier 1884. On restaure le faîtage de la toiture disparu à la Révolution. On dépose la grille installée par l'architecte Millardet et on envisage même un moment de reconstruire l'escalier de Salomon de Brosse. Jean-Marie Laloy s'intéresse aussi aux salles lambrissées du XVIIe et passe commande à la Manufacture des Gobelins de grandes tapisseries décoratives qui seront exécutées de 1902 à 1924.
L'histoire architecturale ne s'arrête pas avec la guerre de 1914 et la retraite de l'architecte Jean-Marie Laloy. La construction de bureaux au dernier étage du palais est réalisée vers 1970 par Jacques Laurent, jusqu'en 1980.
Depuis la fin des années 1980, Alain-Charles Perrot, Architecte en Chef des Monuments Historiques entreprend d'importants travaux de restructuration. Cette restructuration est nécessaire pour adapter le bâtiment à ses fonctions de palais de justice, elle est accompagnée d'une restauration générale qui devait encore durer cinq ans...
Un parlement devenu Palais de Justice, cinquième Cour d'Appel de France est investi d'une énorme charge symbolique. Le caractère sacré de la Justice vient s'allier à la représentation des valeurs bretonne.
Dans la nuit du 4 au 5 février 1994, l'ancien Parlement de Bretagne a brûlé.
Les pompiers ont pu arrêter l'incendie au niveau du premier étage. La plus grande partie des oeuvres d'art et des tapisseries a pu être sauvée. Le secteur le plus touché des bâtiments se situe au sud-est, là où se trouvaient le bureau du Procureur général et la bibliothèque des magistrats. Le plafond de la salle des pas perdus, directement accroché à la charpente, est détruit. Les dégâts matériels sont considérables, et rien ne subsiste de la couverture de l'édifice. Les magistrats, les rennais ont été profondément traumatisés par cet événement qui a donné lieu à une mobilisation civique considérable qui ne s'est atténuée que plusieurs semaines après l'incendie.
L'Etat et les Collectivités Locales se sont engagés à procéder à sa reconstruction en vue de la réinstallation des juridictions dans le Parlement.
Après avoir été corseté pendant deux ans dans son échafaudage métallique, protégé par un parapluie de tôles, le parlement reprend vie avec l'arrivée des premiers ouvriers en juillet 1996.
Depuis juillet 1998, les promeneurs redécouvrent le Parlement, la façade blanche a retrouvé sa splendeur : les blocs de granit au rez-de-chaussée, les trophées sculptés taillés dans le tuffeau autour de la porte principale, les colonnes, le cadran solaire.... La crête où alternent lys dorés et hermines noires domine à nouveau l'ensemble.