Le village de
Lannédern groupe quelques maisons autour de son église
et son ossuaire gravé de masques macabres (l'Ankou, toujours
lui). Dans l'église, fermée en dehors des offices, six panneaux de pierre sculptée
évoquent la légende de saint Edern, représenté
chevauchant son cerf sur le calvaire qui se dresse au beau milieu du
cimetière.
Saint Edern, un moine irlandais de la Légende Dorée, s'est d'abord fait connaître en terre douarneniste, où la petite vache qui constituait son seul cheptel donnait les plus beaux blés aux champs où elle vagabondait. Mais il est surtout connu pour le cerf venu se mettre sous sa protection, alors qu'il était traqué, et pour ses démêlés avec sa soeur Jenovefa.
Cette dernière s'est fixée à Loqueffret, et lui aussi, en ce lieu auquel il devait donner son nom. Chacun a construit son église et, pour délimiter leur territoire, il a été conclu que reviendrait au frère le domaine qu'il aurait parcouru entre la tombée de la nuit et le chant du Coq. Edern, chevauchant son compagnon, le cerf a parcouru une distance considérable et arrivait aux portes de Loqueffret lorsque sa soeur, voyant sa paroisse lui échapper, a fait crier un coq en le plongeant dans l'eau d'une auge.
Il en est résulté une solide brouille entre le frère et la soeur qui ont chacun maudit l'église de l'autre : celle d'Edern ne devait jamais avoir de haut clocher, et celle de Jenovefa devait voir ses cloches se fêler.